Une longue journée de 72 heures riche & colorée !
Début janvier 2022, je quitte Montréal avec hâte, empressement, le cœur joyeux à l’idée de passer 72 heures dans le noir total sans téléphone! Fébrile. Innocente. Prête. Sans attente, mise à part celle de me déposer pleinement.
Me voilà en matinée chez-moi… une deuxième crise de douleur s’amorce… je ne veux pas trop y croire, mais les douleurs aiguës sont de plus en plus corsées… Je ne réfléchis pas autrement à la suite, surtout je ne la planifie pas différemment, j’y vais selon mon plan initial et je tricoterai au fur et à mesure. Si je dois annuler, ben ça sera ça!
Une heure à la fois, je me rends à mon rendez-vous ostéopathique qui a lieu chez-moi. Nous sommes en début d’après-midi, et avec toute la misère du monde, je me rends au sous-sol ne sachant pas si dans un tel état, mon corps peut recevoir le soin. On me rassure, si impossible, la thérapeute quittera sans rien demander. Me coucher sur la table n’a jamais, jamais été aussi ardu, pénible et douloureux – m’y voilà finalement, allongée sur le côté!
Une heure plus tard, le soin a calmé les spasmes aigus, je me repose de trop de douleurs ressenties. Cette accalmie me permet de ramasser mes derniers trucs pour vraiment quitter la maison et surtout pour pouvoir rester assise et conduire pendant plus de 120 km… Au diable la dernière douche et le lavage de cheveux!
Le premier tiers du trajet est douloureux assise dans un char, mais la dernière heure m’est douce, je souris! Ouffff.
J’atterris en même temps que la pénombre. Sur ce fond moelleux, je reconnais au loin l’Ange du noir, centré, prêt, présent, à l’écoute, s’apprêtant à m’accueillir telle quelle! Il sera là pour tous mes besoins et mes demandes.
Avec un cœur d’enfant et volubile, je marche vers le lieu mystérieux, contente de ne pas trop savoir ce qui y sera. M’y voilà : un hobbit nourri et au chaud pour les prochains jours! Le paradis sur Terre, quoi!
Après une familiarisation du fonctionnement des lieux (système de ventilation, chauffage, musique, logistique nourricière, etc.)… Seule, me voilà avec la prise de courant des lumières entre les mains : prête, pas prête, je tire la plogue!!! Ma principale intention : me déposer, me poser, me ressourcer.
Sans trop de douleur, je baigne dans les vibrations du bol de cristal : un son cristallin qui résonne en moi et s’y installe. Je me dépose sur un sol douillet et bien chaud!
J’ai l’impression que je m’installe au creux d’une géante main tendre; d’un utérus nourrissant; d’un cocon enveloppant… bref au fond de quelque chose d’agréable, de doux et aux mille tendresses… Ahhhh! Respire!!
Avec ce plaisir de se laisser aller, débute le déplaisir d’une douleur réelle. C’est officiel, crise atroce #2 se pointe ici avec moi.
Mes réconforts : je ne peux rien faire, mise à part prendre de la médication et attendre que ça passe en me disant et en espérant que ça ne durera pas plus longtemps que crise #1, soit une cinquantaine d’heures… il me restera au moins une vingtaine d’heures sans douleur!!
Mademoiselle non-médicament s’est équipée d’un arsenal d’antidouleurs juste au cas où… ils seront plus qu’utiles bien que la douleur ne disparaisse pas complètement sous leur effet.
Là, je passe plus de 55 heures à gérer la médication, à planifier mes pauses-pipis et repas en conséquence et à espérer vivre juste assez d’accalmie pour déguster de succulents repas car la faim n’a jamais disparu malgré les douleurs atroces.
Mes repas sont préparés avec amour et vibrent par leur qualité considérable. Manger dans le noir ne représente pas de défi particulier. J’apprécie ces moments où la découverte des textures et des goûts est au rendez-vous plus que jamais! Les goûts sont plus prononcés, sauf que la cadence n’a pas ralenti.
Je me déplace pour le strict minimum seulement et c’est à genoux que je me promène entre les stations de nécessité. Entre ça, c’est dodo : sieste, repos, micro-sommeil ou quelques heures de sommeil continu.
Malgré tout, là, dans cette réalité, ici et maintenant, je sens que débute mon état d’Être, loin du faire, en fait il n’y a pas grand-chose à faire que de vivre la douleur et me mettre en mode «attendre que ça passe». Vivre ce qui est là : respirer consciemment, fermer les yeux, crier, pleurer, hurler, sourire, apprécier, être… Plus de 50 heures à ne vivre que «ça»… tout un «ça», du coup!!!
Que fais-je ici!?!
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Depuis presque quatre décennies la nuit m’interpelle, m’aspire et m’inspire et même dans un cocon noir, je saisis sa présence captivante! Lorsqu’elle m’enveloppe, je ressens un son ambiant plus lourd, une sensation de densité accrue, quelque chose d’opaque, une lourdeur légère et un contenu invisible dans l’atmosphère. J’ai même l’impression que le noir devient plus dense dans la pièce. Et le silence ambiant est plus silencieux et accueillant.
Pendant ces heures de douleurs aigües, j’ai le bonheur de dormir souvent, tout le temps en fait! Et surtout le bonheur de me souvenir de mes nombreux rêves. Une denrée rare chez-moi. En ouvrant les yeux, je constate le contraste de la lumière entre ma réalité obscure et ce qui vient de se passer derrière mes paupières closes. WOW ! Re-WOW!! Woah !!
Quelle vividité éblouissante!!! Quel plaisir gourmand de goûter ces images denses et si lumineuses! Je me rendors aussi souvent que possible dans le seul but de voir ces images claires, précises et si colorées sur fond noir!!! Chez-moi les rêves ne sont pas que rares, mais fades aussi! Hihihi
N.B. Dans un de ces moments oniriques, j’ai retrouvé une scène d’il y a 5-6 ans qui s’est bonifiée à mon grand bonheur. Contente.
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Malgré l’état physique non optimal, quel bonheur de me retrouver dans du VACANT. Ce vacant plein de réassurance me comble et me réjouit. Ce qui m’habite pendant les moments d’accalmie, ce sont des images magnifiques de toutes sortes sortant droit de mon répertoire de vie (voyages, films, nature, etc.).
De plus, plusieurs moments intenses, où j’ai ressenti un grand bien-être, sont également venus me saluer! Que ça soit des souvenirs ressentis lorsque j’étais sur la piste de danse ou que je marchais au bord d’une rivière la nuit avec le vent du sud caressant ma peau. Tous ces moments épiques sont imprégnés à jamais dans mes cellules. Quelle beauté!
Sans oublier les pensées de douceur envers mes enfants : «Ahhh que je les aime ces enfants-là ♥♥♥♥» qui m’habitent et me caressent entre deux regards sur écran noir!
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Il m’arrive de ressasser certaines conversations, surtout celles des derniers jours, les autres ayant déjà été digérées donc disparues de mon répertoire. Avec recul, je constate, que pour moi, les dernières heures de ma vie sont les plus significatives vu que les autres n’existent déjà plus… tant mieux, tant pis!
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Encore cette sensation d’être déposée au centre de quelque chose de bon par une main géante, rassurante, m’habite, me comble encore et encore.
Être, pendant de si nombreuses heures, loin de tout faire, retirée de la ligne du temps, ne plus exister aux yeux du monde et pourtant me sentir pleinement présente à la Vie!! Les entrailles de Mère Gaïa me suffisent… besoin de rien d’autre.
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Les dernières vingt heures goûtent plus la facilité : je bouge aisément et l’inspiration est plus présente. J’apprécie davantage les bras forts et tendres de la Déesse Ébène sortie droit du néant où tout y règne.
Je sens une partie de mes émotions et pensées fondre – se liquéfier – nourrir à leur tour Mère Terre. Je m’allège, une purification de mes trop-pleins, de ce qui est rendu inutile, mais qui était invisible aux yeux nus… Quoi de mieux que l’obscurité pour y voir clair! Un «reset» s’opère…
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Dans cet espace noir, mes gestes sont concis, presque précis; tous les sens collaborent à cette vision invisible. Ils sont d’une puissance insoupçonnée pour pallier à la vue. M’orienter dans l’espace est aisé, toutefois mon mental fonctionne davantage afin de mémoriser l’emplacement de ma logistique. Pourrais-je laisser aller totalement cette gestion? Je m’ennuie de mon mental presque vide de mon quotidien. Hmmmm…
Quand le corps le permet, je m’étire en douceur, autrement, j’occupe une partie du temps en pratiquant plusieurs techniques et méthodes de bien-être :
- Liste de mes reconnaissances gratitudes
- Chantonner le Om
- Yoga du son (syllabes)
- Mantra
- EFT (tapping)
- Méditation
- Contemplation
- Recueillement
- Jouer avec des images
- imaginer des nouvelles réalités
- Visualisations à partir du monde Atlantide
- Pleurer de douleur; une pensée furtive : le temps sera-t-il long?!
- Bol de cristal, tambour, autres
- S’émerveiller des étincelles statiques scintillantes et bleutées causées par le bruissement des sacs en plastiques et de la manipulation des couvertures!
- La technique Ho’pononono
- Envoi de pensées d’Amour
- Observer l’obscurité
- Écouter des sons binauraux (iPod nano sans lumière)
- Etc.
Le tout couronné d’idées inspirantes qui se manifestent les yeux clos ou grands ouverts!
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Je sens que la fin approche… mon cellulaire ne me manque pas pantoute malgré mon fort penchant à le zieuter constamment… «Maman, lâche ton téléphone!» J’entends mes enfants au loin me susurrer ces mots ici dans cette chambre voilée de noir!
Je profite de ces derniers moments, masque aux yeux, pour ouvrir la porte extérieure et contempler ces bourrasques de vent glacial qui propulsent autant qu’elles nous stoppent.
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La fin est annoncée, les bougies sont arrivées. La lumière vive du briquet me donne, momentanément la nausée et un léger mal de tête. La lueur des bougies, par contre, me convient. Le temps de se ramasser, de remercier et de nommer l’intention de clôture en soufflant les bougies…
Quitter ces lieux nourrissants avec satisfaction.
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Sur le chemin du retour, ce qui me frappe ce sont les sons de plusieurs chansons connues qui sonnent à mes oreilles sous un autre angle. Il y a des sonorités que je découvre pour la première fois; j’entends des sons qui sont riches, nouveaux. J’entends autrement. J’apprécie vivement ces nouvelles sensations! J’ai même l’impression de les goûter!
Guerina
12 janvier 2022
(Expérience vécue du 6 au 9 janvier)
À l’an prochain pour un doublon sans douleur!!
Note :
- La fameuse douleur se situe au bassin/sacrum à la suite de crampes insidieuses dans les organes digestifs.
- Plusieurs constats, en plus de l’intention de clôture, sont nommés sur la version intime de ce texte. Ce jardin secret se doit d’être protégé, afin de garder toute la fraîcheur de mes réflexions intacte!